mercredi 12 septembre 2007

"Vacances" du sénateur Lunda-Bululu dans le district du Haut-Katanga, triste constat : aucune amélioration, que du contraire !...

Source :allAfrica,Le Potentiel
Date de survenance :12 (?) septembre 2007
Date de première publication sur Internet :14 septembre 2007

Texte intégral :
Congo-Kinshasa: Faisant le point de ses vacances parlementaires dans le Haut-Katanga, le sénateur Lunda-Bululu :
« Même dans un pays comme le nôtre, à « démocratie tropicalisée», la Constitution, la loi des lois, s'impose à tous, citoyens et institutions »

«J'avoue que le négatif domine de loin le positif.

En effet, à côté de la sécurité qui règne d'une manière générale dans les différentes subdivisions administratives que j'ai visitées, s'érige un monde surréaliste qui s'éloigne du début du XXIème siècle pour se rapprocher de celui du début du siècle dernier».


Ce triste constat est du sénateur Vincent de Paul Lunda-Bululu qui revient de ses vacances parlementaires dans le Haut-Katanga.
Entretien.

Vous revenez de vos vacances parlementaires dans le Katanga.
Qu'avez-vous trouvé sur place ?
Qu'est-ce qui marche et qu'est-ce qui ne va pas ?

Je reviens de vacances parlementaires effectuées dans le Haut-Katanga, mon fief électoral.
J'ai visité les chefs-lieux de 6 territoires (Kasenga, Pweto, Sakania, Kipushi, Kambove), des cités telles que Kilwa, Lukonzolwa, Mokambo, ainsi que des villages.
Je ne me suis pas rendu au chef-lieu du territoire de Mitwaba pour des raisons que tout le monde connaît.

J'avoue que le négatif domine de loin le positif.
En effet, à côté de la sécurité qui règne d'une manière générale dans ces subdivisions administratives, s'érige un monde surréaliste qui s'éloigne du début du XXIème siècle pour se rapprocher de celui du début du siècle dernier.

S'agissant de routes, par exemple, il est des tronçons (Kasomeno-Kasenga, Kasenga-Kilwa, Kilwa-Pweto, Mokambo-Kisenda) qui indiquent aux populations concernées que le gouvernement les a abandonnées à elles-mêmes.
Il faut les avoir empruntés à bord d'un véhicule (camion ou 4x4) pour réaliser l'étendue du désastre.

En ce début du XXIème siècle, de Kasomeno à Pweto, 5 cours d'eau ont été traversés à gué, les ponts ayant été endommagés, parfois depuis plus de 10 ans.
Le moyen de transport le plus courant est, depuis quelques années, devenu la bicyclette.

Il sied, toutefois, de relever que des travaux d'entretien financés par la Banque mondiale, la société minière Anvile mining et l'Organisation internationale de migration, ont démarré sur les routes suivantes :
Lubumbashi-Kasomeno et Kilwa-Kasomeno.
Mais, ils ne peuvent être terminés avant la saison des pluies.
D'où l'enclavement programmé des cités comme Kasenga, Kilwa et Pweto.

Sur le plan socio-économique, le chômage, l'insuffisance des écoles primaires et secondaires, l'absence d'établissements d'enseignement supérieur et d'eau potable, la rareté des centres de santé plongent les populations dans un monde sans issue ni avenir.

Les sociétés minières qui extraient les minerais, exportent ceux-ci, en cette première décennie du XXIème siècle, à l'état brut grâce à la bienveillance du gouvernement central, et ce en violation du code minier.
Les populations s'en plaignent sans que leurs cris stridents ne trouvent point d'oreille attentive au niveau de ce gouvernement ; en plus, ce dernier étouffe les efforts du gouverneur du Katanga tendant à interdire l'exportation des minerais à l'état brut.

Je relèverai, enfin, l'extraction artisanale des minerais qui rend esclaves d'un genre nouveau nos concitoyens qui s'y adonnent, faute de mieux, pour survivre.

L'Etat continue-t-il à exister ?
La présence de la puissance publique est-elle aussi plausible ?


Le doute est permis quant à l'existence de l'Etat dans la plupart des coins visités.
Sans doute, l'Etat existe-t-il en droit, mais en fait, il faut le faire renaître.
L'état des routes est à lui seul suffisant pour constater son inanité.

Quant à la puissance publique, elle respire, certes, à la vue des uniformes des militaires et des différentes polices (nationale, fluviale, des mines), mais ceux qui la détiennent n'ont pas les moyens matériels pour l'exercer.
Ainsi, par exemple, la police fluviale à Kasenga, Kilwa, Pweto ne dispose d'aucun moyen de transport (vedette, pirogue) en vue d'assumer ses responsabilités ;
il en est de même de la force navale.
L'administration des territoires n'a pas de véhicule.
Comment peut-elle assurer l'itinérance, l'une des missions primordiales de ladite administration ?

Etes-vous satisfait de conditions de vie de la population dans votre fief électoral en particulier et dans le Katanga en général ?
Estimez-vous avoir fait un bon voyage comme Ulysse ?


Ma réponse à votre première question indique clairement que la population dans mon fief électoral, malgré les activités minières, connaît comme partout au Congo, à part quelques privilégiés, une misère noire qui, si l'on n'y prend garde, frappera encore et violemment les générations à venir.

Je suis satisfait de ma tournée dans le Haut-Katanga.
Le voyage a, sans doute, été pénible du fait du très mauvais état des routes et d'autres difficultés.
Mais, j'ai palpé les dures réalités de la vie que les gouvernants imposent aux populations.
D'autre part, les contacts avec celle-ci ont été empreints de fraternité, de joie qu'occasionnent les retrouvailles ;
elles ont aussi suscité l'espoir auprès de ces concitoyens oubliés.

Sous quel signe placez-vous la prochaine rentrée parlementaire ?

La prochaine rentrée parlementaire sera, je n'en doute pas, de dur labeur.
Il ne me revient évidemment pas d'établir, à titre individuel, le calendrier des travaux du Sénat.

En plus de l'examen du projet de loi budgétaire, beaucoup d'autres questions méritent d'être examinées.
Il s'impose, me semble-t-il, que notre pays soit au diapason du début du XXIème siècle, qu'il cesse d'être à la traîne des événements, qu'il refuse d'être le ventre mou de la sous-région des Grands lacs, qu'il possède une armée capable d'assurer l'intégrité du territoire, assiette de notre souveraineté, bref qu'il apprenne à prendre son destin en main.

Sans doute, tous ces thèmes ne pourront-ils pas être débattus au cours d'une session ; il convient, cependant, de s'engager sur la voie de la réflexion en vue d'une action susceptible de conduire à un nouveau visage du pays et du peuple congolais.

Consacrée par la Constitution, la retenue à la source de 40% des recettes à caractère national par les provinces a été renvoyée au mois de janvier 2008 alors qu'elle devrait entrer en application de manière automatique, sans attendre quoi que ce soit.
Qu'en dites-vous ?

Il vous souviendra que j'ai voté contre le budget de l'exercice en cours parce qu'anticonstitutionnel.
Lors de débats, avec 2 ou 3 collègues, nous n'avons pas été compris lorsque nous avions insisté sur l'application de la disposition pertinente de la Constitution. Aujourd'hui, le problème est sur le tapis.

Il est antidémocratique de croire que l'on peut négocier l'application de certaines dispositions constitutionnelles.
Même dans un pays, comme le nôtre, à « démocratie tropicalisée », la Constitution, la loi des lois, s'impose à tous, citoyens et institutions de la République.

En faisant de l'article 175, alinéa 2 de la Constitution, il y a eu violation de celle-ci.

Y a-t-il encore de la place à l'idée selon laquelle le développement du pays devra se faire à partir de Kinshasa et non des entités de base ?

Je prie les acteurs politiques, particulièrement les sénateurs et députés, de se rendre à l'intérieur du pays pour constater le cruel abandon de l'intérieur par le pouvoir central et réaliser ainsi que ce dernier est trop lointain pour s'occuper de l'arrière-pays.

Depuis plus de 40 ans, à part le premier gouvernement de transition de 1990, aucun n'a répondu aux cris désespérés des populations de l'intérieur, spécialement de celles vivant dans les territoires.

C'est donc rêver debout que de croire que le développement du pays peut s'accomplir à partir de Kinshasa.
Dès lors que le gouvernement central ne s'occupe même pas des infrastructures de communication, comment peut-on imaginer qu'il puisse mener des actions de proximité en faveur du développement.

Dans tous les cas, aujourd'hui la Constitution reconnaît aux provinces une compétence exclusive et concurrente sur des matières bien précises.
Que les moyens prévus par la Constitution reviennent à ces entités en vue d'amorcer des activités de développement.

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